Détecter, agir, soutenir : comment les enseignants perçoivent et accompagnent le mal-être des élèves
Derrière les sourires, les notes ou les silences, beaucoup d’élèves dissimulent un mal-être que l’école peine encore à reconnaître. Pression scolaire, isolement, anxiété, harcèlement : autant de réalités qui fragilisent leur équilibre et entravent leur épanouissement.
Pourtant, chaque regard croisé, chaque parole échangée peut devenir un point d’appui, un signal entendu. En tant qu’adultes – enseignants, personnels, parents – nous avons un rôle essentiel : celui de détecter les signes de détresse, d’oser questionner, d’accompagner sans juger.
Témoins privilégiés, souvent premiers alertés, les professionnels de l’éducation et de la santé sont aussi confrontés à leurs propres contraintes, à un manque de temps, de formation ou de soutien face à des situations parfois déstabilisantes.
Cette enquête leur donne la parole : pour mieux comprendre leur perception du mal-être des élèves, leurs besoins, leurs inquiétudes, mais aussi leurs propositions pour améliorer l’écoute et l’accompagnement.
Car derrière chaque élève en difficulté, il y a un adulte attentif qui cherche à bien faire. Écouter ces professionnels, c’est déjà agir pour une école plus bienveillante et plus juste.
Objectifs visés par l’enquête
- Faire un état sur les capacités de chacun à détecter un mal-être,
- Évaluer l’usage de pratiques quant aux difficultés rencontrées,
- Évaluer la perception de l’efficacité des actions prises,
- Identifier les obstacles et soutiens permettant à chacun de prendre les initiatives qui lui semblent adéquates et à maintenir un état de confiance en soi quant aux actions entreprises.
Profils et synthèse
Le paysage des répondants n’est présenté qu’à titre informatif puisque n’ayant aucune incidence directe avec les réponses données (chacun étant libre de répondre ce qu’il ressent et observe personnellement)
provinces francophones
nota : La répartition des répondants dépend aussi du nombre de personnes ayant répondu par établissement. Cette répartition représente à-peu-près la répartition de notre base de données


profil des répondants
nota : notre base de données est représentée par les emails généraux des établissements. Dès lors le paysage des répondants dépend aussi de la proportion de membre de la direction à propager l’enquête auprès de leur personnel
Profils éducatifs et enseignants
nota : le principe est de distinguer l’âge des élèves
compte tenu des différences de mal-être selon la
période de vie.

Que disent les études sur le bien-être des personnels scolaires ?
10% des enfants en difficulté psychologique
Selon l’Enquête de Santé Sciensano 2018, “environ 1 enfant sur 10” de 2 à 18 ans a des troubles psychiques (émotionnels, hyperactivité, comportement, …) qui pourraient nécessiter un accompagnement. Sciensano 2018
71% des élèves soutenus par leurs enseignants
C’est le taux d’élèves qui se disent soutenus dans leurs apprentissages malgré l’anxiété scolaire ressentie de par les effets négatifs liés à la crise sanitaire et à l’augmentation des inégalités. PISA 2022
23.5% ont un bien-être émotionnel faible
Les élèves francophones déclarent un bien-être émotionnel suggérant un risque de dépression. Le niveau de bien-être émotionnel varie selon le degré scolaire. Au plus âgés, au plus fragiles. HSBC/UFAPEC 2022
100% des enseignants estiment vouloir agir
Malgré leur volonté d’agir, la surcharge de travail, le manque de temps, l’absence de concertation et la crise de valorisation professionnelle limitent la capacité concrète des enseignants à intervenir efficacement sur le mal-être des élèves. Skolo.org
Cette enquête respecte tous les protocoles d’une recherche quantitative et a comme seule prétention de renseigner sur quelques ressentis aux contextes très variés, à un instant donné.
L’enquête a été adressée par e-mail aux écoles primaires et secondaires publiques de Belgique. 197 répondants ont finalement participé.
Aucune pondération n’a été effectuée pour modifier un potentiel biais d’échantillonnage et les résultats restent bruts d’interprétation.
Les questions / réponses
À quelle fréquence remarquez-vous chez vos élèves des signes visibles de mal-être (tristesse, anxiété, pleurs, isolement) et moins visibles (manque de motivation, difficultés d’apprentissage, changement de comportement social) ?

Vous sentez-vous capable d’identifier les signes de mal-être chez vos élèves ?

Lorsque vous identifiez un élève en difficulté ou en mal-être, quelles actions prenez-vous le plus souvent ?

Ces actions permettent-elles, selon vous, d’améliorer la situation de l’élève ?

Pourriez-vous préciser pourquoi en quelques mots
Les enseignants agissent avec les outils disponibles, mais les limites structurelles (manque de personnel, de temps, de suivi) et la complexité des situations individuelles réduisent l’impact de leurs interventions. Une collaboration renforcée entre école, famille et professionnels externes, ainsi qu’une augmentation des ressources, sont souvent citées comme solutions nécessaires.
Malgré les limites, les actions des enseignants ont un impact positif sur le bien-être des élèves, notamment grâce à l’écoute, la collaboration et l’orientation vers des ressources adaptées. Ces efforts, bien que parfois insuffisants, restent essentiels pour créer un climat de confiance et initier des solutions.
Comment évalueriez-vous votre efficacité globale pour soutenir un élève en mal-être ?

Quelles compétences vous semblent les plus importantes pour identifier et soutenir un élève en mal-être ?

Quels obstacles rencontrez-vous le plus souvent pour détecter ou intervenir face au mal-être des élèves ?

Dans quelle mesure ces obstacles limitent-ils votre capacité à soutenir efficacement les élèves ?

Quel types de soutiens vous seraient les plus utiles pour mieux détecter et accompagner le mal-être des élèves ?
Les enseignants demandent avant tout plus de personnel qualifié en interne (psychologues, éducateurs), des formations pratiques, et un cadre structuré (protocoles, temps dédié) pour agir efficacement. La collaboration avec les parents et les partenaires externes, ainsi que des outils simples (questionnaires, numéros d’urgence), sont aussi jugés essentiels.
Et le mal-être des adultes ? On en parle ? Partagez vos ressentis et vos expériences :
Synthèse : Les enseignants et éducateurs vivent un mal-être multiforme : charge mentale, manque de reconnaissance, conditions de travail difficiles, et sentiment d’impuissance. Leurs besoins prioritaires incluent plus de soutien humain et professionnel, une réduction des pressions administratives, et une meilleure écoute de leur réalité par les institutions et la société. La crise sanitaire et le contexte politique actuel ont aggravé cette situation.
Sources et ressources
Siensano 2018 : https://www.sciensano.be/fr/coin-presse/plus-d1-personne-sur-10-en-belgique-souffre-dun-trouble-mental
Pisa 2022 : http://www.enseignement.be/upload/docs/000000000007/000000018231_IMNARQUQ.pdf
HSBC/ufapec : https://www.ufapec.be/files/files/analyses/2024/UFAPEC_0724-Groupes-parole-ados.pdf
Skolo.org : https://www.skolo.org/2023/06/19/des-enseignants-en-proie-au-desenchantement/
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