Certes, un titre un peu racoleur pour un comportement qui n’est évidemment pas admis en société… Mais qui reste finalement assez présent au cœur de nos habitudes. Entre père Noël et petite souris, protection des autres pour ne pas blesser et protection de soi pour ne pas être blessé, bien de nos comportements usent de ces stratagèmes pour arrêter de ne penser le mensonge uniquement comme une attitude négative.
Le mensonge : une compétence sociale
Le mensonge est une compétence sociale complexe qui émerge souvent au cours de l’enfance. Les enfants apprennent à mentir pour diverses raisons, notamment pour éviter les punitions, obtenir des récompenses, ou simplement pour expérimenter le pouvoir de la dissimulation. À première vue, cela peut sembler contraire à l’éthique, mais il est important de reconnaître que le mensonge peut être une stratégie d’adaptation face à des situations difficiles.
En psychologie sociale, on considère ainsi qu’il existe cinq motivations au mensonge : valoriser notre image, éviter les conflits, ne pas peiner notre interlocuteur, persuader quelqu’un afin d’en tirer un avantage, et enfin dissimuler ou justifier un manquement…
L’apprentissage du mensonge
L’apprentissage du mensonge commence dès le jeune âge. Les enfants observent les adultes autour d’eux et apprennent à dissimuler la vérité. Cette compétence cognitive complexe nécessite le développement de certaines capacités, telles que la compréhension de la perspective, la planification et la mémoire. Le mensonge peut être considéré comme une étape importante dans le développement cognitif de l’enfant.
Les bénéfices psychologiques du mensonge
Développement de la créativité
Mentir nécessite souvent de créer des récits imaginatifs et créatifs pour soutenir la fausse information. Cela encourage le développement de la pensée créative chez les enfants, renforçant ainsi leur capacité à trouver des solutions innovantes dans diverses situations.
Compétences sociales et empathie
Le mensonge implique une compréhension de la manière dont les autres perçoivent l’information. Les enfants qui maîtrisent l’art du mensonge développent souvent une meilleure compréhension des émotions et des perspectives des autres, renforçant ainsi leurs compétences sociales et leur empathie.
Gestion du stress et de l’anxiété
Apprendre à mentir peut également aider les enfants à faire face au stress et à l’anxiété. En créant une réalité alternative, ils peuvent parfois se protéger émotionnellement des pressions extérieures, ce qui favorise le développement de mécanismes d’adaptation.
L’importance du discernement
Bien que le mensonge puisse offrir des avantages psychologiques, il est crucial d’enseigner aux enfants à faire preuve de discernement dans son utilisation. Les adultes éducateurs doivent encourager une communication ouverte et honnête tout en expliquant les conséquences potentielles du mensonge excessif.
Le mensonge n’est donc pas simplement un comportement négatif, mais plutôt une compétence complexe qui peut avoir des bénéfices psychologiques dans le développement des enfants. Comprendre ces aspects permet aux parents et aux éducateurs de guider les enfants dans l’apprentissage du discernement et de l’utilisation responsable du mensonge, tout en favorisant le développement de compétences sociales et cognitives importantes :
- avoir suffisamment de retenue pour surmonter leur tendance à dire la vérité. On appelle cela le contrôle inhibiteur.
- avoir accès à la mémoire à court terme et être capables de créer simultanément des scénarios alternatifs.
- pouvoir passer d’un comportement conforme à la vérité à un comportement en phase avec l’histoire qu’ils inventent; c’est ce qu’on appelle la flexibilité cognitive. (Gadda Salhab)
De plus, si nous ne souhaitons pas que les enfants reproduisent un comportement, évitons de le faire (devant eux). Les enfants ne font pas ce que l’on dit mais bien ce que l’on fait.